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Dans l'Obscur des forêts
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7 juin 2010

Fleurs de tempête

« C’est une activité curieuse que celle à laquelle je me livre, je reviens au nimbe des commencements, comme un archiviste halluciné et maniaque, un adorateur nocturne qui voudrait capter dans les ténèbres de son chagrin l’éclat de la lumière des débuts et des seuils. L’histoire est passée, éblouissante, implacable, tragique et elle me laisse seul sur la rive. Moi à qui la littérature a tant donné il ne me reste que le secours des mots. Me revient-il de donner à Hélène le tombeau qu’elle n’a pas souhaité avoir ? Elle ne repose pas auprès de son grand-père, qu’elle admirait tant, dans le petit cimetière de Logonna-Daoulas. Elle a voulu cette incinération, ce néant des flammes qui m’effraie plus que tout. Tombeau : c’est une forme, c’est un chant dont j’aimerais qu’il n’eût pas la froideur mallarméenne. Je rêverais plutôt pour elle d’un lit de lumière, d’une nef enchantée qui l’emmène loin, dans la tradition ophélienne des dérives celtiques.»

§

Je suis assez impersonnel pour ne pas m'accorder les premiers mots de ce blog, et plutôt choisir de m'effacer derrière ces quelques lignes qui résument l'avant-dernier texte de Philippe Le Guillou, Fleurs de tempête. Comment en effet ne pas mettre tout devant ce que l'on désire partager...

Il n'est pas difficile de résumer l'histoire d'un livre, mais rien ne peut mieux parler d'une écriture que l'écriture elle-même.  Et lorsqu'on lit ce qui précède, saisi par la texture des phrases, par le rythme des sonorités, et par cette sorte de ferveur qui traverse chaque ligne, je n'imagine pas que l'on puisse échapper au livre, à sa lecture, à son infini magnétisme. Au-delà des premiers mots qui guident notre entrée dans le texte - ceux de la quatrième de couverture -, au-delà les promesses d'une écriture, et bien au-delà du caractère émouvant de ce témoignage hanté par la maladie et la mort, Fleurs de tempête est un texte qui nous touche plus que tout autre, car il aborde avec sincérité et générosité d’âme les rives les plus précieuses de notre vie intérieure : celles qui portent les empreintes de l’amitié, de l’amour, auxquels il donne un hommage touchant et un linceul lumineux. Il y a dans ce livre, plus que la seule compagnie d'un beau texte, il y a toute la force vivante de l'être disparu que l'écrivain ramène d'entre les ombres.

Fleurs_de_temp_te

Fleurs de tempête, Philippe Le Guillou, Gallimard.

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